Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'étonnante voyageuse

3 Juillet 2023 , Rédigé par D. Vergondet Publié dans #Banditisme

La fille cachée de Filochard fait des siennes. Pas à Sienne, ni à Rougeou. Non, c'est trop près de son domicile - sa planque devrait-on dire comme dans les romans où la CIA abrite ses collaborateurs indésirables -, lequel, perdu dans un hameau de la Brenne, est remarquable en raison de son imitation (ratée) d'un saloon misérable que les producteurs de cinéma désargentés loueraient afin d'y tourner l'ultime scène d'un western ougandais.

La jeune dame, donc, n'est pas du genre fille à papa qui rêve à l'homme inconnu (ou parfois connu des services de police) de sa future vie dans un château en Espagne de préférence (mais qui peut aussi se passer dans un bidonville sénégalais abritant un garage dédié à la vente des pièces détachées). Sidonie, comme on l'a prénommée à la naissance sans se référer au calendrier des postes, a entrepris sa carrière de délinquante non armée dès la première année passée à l'école maternelle d'une petite ville de l'Est où son père séjournait (dans la prison) et où sa mère, amère, se tournait les pouces en fantasmant sur le prince riche à défaut d'être charmant. Je fais allusion ici, bien sûr, à Gaston Leprince, spécialiste de l'ouverture non autorisée des coffres-forts bien garnis.

Manifestement née rebelle, l'enfant soumettait les écoliers de bonne famille à un racket fondé sur l'estimation de la valeur des bonbons sortis des poches pendant les récréations, au demeurant fort nombreuses, l'établissement (privé) étant dirigé par un anarchiste tendance Viktor Soulkofr qui considérait que l'enseignement traditionnel répondait plus aux exigences du néolibéralisme que des besoins de liberté (permanente) du jeune enfant. Le vice de Sidonie se développa avec les années au cours desquelles elle s'opposa au système scolaire avec lequel elle devait rompre au moment où elle fêtait son dixième anniversaire. C'est le sinistre mais efficace Paul Amploit qui lui proposa un travail bien rémunéré - quoique de façon illégale - consistant à crever les pneus des voitures sur le parking de cette ville dont j'ai oublié le nom mais où Filochard, une fois de plus, purgeait une peine après une condamnation pour escroquerie aux indulgences distribuées par l'abbé Nouze.

Le patron de Sidonie, vendeur de pneus usagés, était lui-même un escroc de la pire espèce : celle qui exploite les enfants, fussent-ils des délinquants expérimentés. La gamine se rendit vite compte de l'injustice subie. Aussi parvint-elle à faire arrêter et condamner le sinistre personnage en l'accusant de violences dont la révélation des détails pourrait choquer les jeunes lecteurs.

Jusqu'à aujourd'hui, elle poursuivit son activité socialement incorrecte mais financièrement confortable. Tout va donc bien, direz-vous sans comprendre le véritable objet de mon propos qui, je l'admets, ne constituerait pas la matière d'un roman policier dont le héros serait un gardien de la paix roumain procédant à l'arrestation d'un romain policé mais véreux tel le fruit qui a raté une marche en descendant de l'arbre. Bon, je vous dis tout (autrement dit, presque rien) : Sidonie a été recrutée par un collègue de Paul Amploit au terme d'une soirée dansante et arrosée. Dès le premier jour, le travail a plu à Sidonie. Aucun effort à fournir, sauf la nécessité de marcher dans les rues. Non ce n'est pas ce que vous croyez, cette tâche du soir quand les blaireaux traînent dans la rue à la recherche d'illusions. Le travail auquel Sidonie consacre désormais ses loisirs, c'est l'inventaire des véhicules avec un pneu crevé (voire plusieurs). Comme elle les crève elle-même (travail au black), elle contrôle la rémunération que lui verse sans broncher l'Agence pour le recyclage des pièces détachées de l'industrie automobile dont le siège se trouve quai des Malassis dans cette ville où Filochard séjourne actuellement.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article