Le vieux Pernoelle et la mère Denis

Étonnante rencontre entre le vieux Pernoelle et la mère Denis sur le trottoir devant les Galeries Lafouillette, ce temple éculé qui veut nous faire croire aux slogans publicitaires et autres discours sur le bien-être à portée de nos portefeuilles. Breton de naissance, bon à rien de formation et aventurier urbain de profession, Pernoelle remonte aujourd'hui le boulevard où, dans sa jeunesse cabossée, il fit ses premières armes de voleur à la sauvette et à la recherche d'une vocation à laquelle la scolarité n'avait pu le préparer, l'intéressé étant soumis en permanence à un désir d'action dont il ne savait toutefois quelle forme elle devait prendre. Trop jeune pour s'engager dans la Légion étrangère - section des étranges rebelles à leur nationalité française de naissance -, trop vieux pour s'installer durablement dans une école maternelle propice à la rêverie, Pernoelle avait finalement abdiqué face aux contraintes de la vraie vie, celle qui se rappelle à nous lorsque nous abusons des illusions les plus douces. Ce n'est pas le cas de la mère Denis, une normande aussi dynamique qu'un camembert endurci, aventurière elle aussi mais dans un autre genre, celui du camelotage sur les champs de foire télévisés. Ses voyages aux divers coins du monde l'ont convaincue que la victoire personnelle sur terre dépendait de la volonté de parler sans interruption aux abords des lieux où la foule se rassemble pour une messe quelconque. Aujourd'hui, la répétition du spectacle prévu pour la nuit du 24 au 25 décembre.