L'impasse : l'autre reste

Croisant Antoine Roquentin sur le boulevard Saint-Michel un jour de pluie, Ribouldingue éprouva une forme de nausée inconnue de lui à ce jour. Le personnage sorti d'un feuilleton qui eut son heure de gloire à la Libération ignora l'équipier des Pieds Nickelés et poursuivit son chemin jusqu'à la librairie ésotérique toute proche. Ribouldingue s'arrêta brusquement, s'interrogeant sur la raison pour laquelle Roquentin avait retenu son attention. Son existence fut momentanément suspendue comme le vol des cormorans le soir au-desus des péniches qui glissent sur les égouts de la ville. La vision s'inscrusta peu à peu dans ce qui lui restait de cerveau après la pénible opération subie l'hiver dernier en Patagonie : le visage était bel et bien celui de l'individu qui avait tenté de devenir son meurtrier un lendemain de beuveries chantantes. Au nom de la liberté des autres, bien sûr...